La Liberté est morte, vive la sécurité. La ville passée au crible, caméras de surveillance à tous les coins de rues, yeux de métal articulés balayant la méga métropole. Des gratte-ciels à perte de vue, des blocs de béton à n’en plus finir, les quelques espaces verts sous vitrine dans des musées, le ciel gris, pollué, les lumières criardes et artificielles, impossible de rester dans l’ombre. Même les ruelles les plus sombres surveillées. Chaque habitant épié, chaque mouvement décortiqué, analysé, sauvegardé. Des informations farouchement gardées.

Un gouvernement surpuissant, pleins pouvoirs accordés à la mauvaise personne, tyran plus que président, entouré d’un Conseil d’hommes à sa botte qui auraient préférés être à sa place. Mort des droits les plus fondamentaux des Hommes, droit à la vie privée, liberté d’expression, le gouvernement est unique, l’armée est surpuissante, surarmée, et les caméras semblent accepter de regarder ailleurs quand c’est un innocent qu’elle emporte.

La peur est tout ce qui compte. Qu’importe que le gouvernement soit aimé, il faut le craindre. Il faut obéir, obéir, à tout prix obéir. Se murer dans un silence complaisant, sourire aux caméras, payer ses impôts, saluer ses voisins. Ne pas se confier, garder ses secrets pour soi en espérant que le Conseil ne les connaît pas déjà.

Un simulacre de démocratie appelé le Sacre qui n’avait de sacré que le nom. Un tournoi, ouvert à tout ceux qui en avaient le courage, un combat sans autre règle que celle de ne pas avoir organisé entre tous les volontaires pour une place au Conseil. Une place parmi les Dieux de la ville, un appartement tout en haut de la plus haute tour, un siège, une voix, une opinion, une pensée. Une autorisation à être de ceux qui étaient quelqu’un. Une autorisation à décider. Une autorisation éphémère, périssable en un an, jusqu’au prochain Sacre.

La Reine est morte, vive la Reine. La Souveraine, mégalopole de 2 500km². Surpuissante, oppressante. Ville aux allures de prison. Interdit d’y entrer sans autorisation, interdit d’en sortir sans autorisation. Des formulaires pour tout et n’importe quoi, des restrictions à ne plus en voir la fin, un fossé de plus en plus grand entre les classes sociales, ceux qui pourrissent dans la poussière et ceux qui se délectent de les voir se décomposer.