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“The muses are ghosts, and sometimes they come uninvited.” - Hanz

“The muses are ghosts, and sometimes they come uninvited.” - Hanz

“The muses are ghosts, and sometimes they come uninvited.” - Hanz

“The muses are ghosts, and sometimes they come uninvited.” - Hanz

Gabriel
Gabriel
Feat : Tom Hardy
Crédits : etangsnoirs
Messages : 58
D a m o c l è s ⚔︎

“The muses are ghosts, and sometimes they come uninvited.”







TWs: Vulgarité, vocabulaire médical, vocabulaire graphique, sang, blessure, sexe



1h du matin. Beaucoup d’hommes auraient préféré être chez eux, au lit, mais ce n’était pas son cas. La plupart des autres membres du personnel décrivaient les urgences comme l’Enfer sur terre. A valser entre les personnes blessées, les personnes venues uniquement pour dormir et ceux qui n’avaient rien à faire là. Elle, comparait son lieu de travail à ce qui allait l’attendre chez elle : un appartement trop petit pour être confortable avec un compagnon qui avait arrêté de la regarder depuis longtemps. Elle voyait bien l’éclat vide de ses yeux à chaque fois qu’ils se posaient sur elle, comme s’ils tentaient de chercher quelque chose dans la distance.

Heureusement, son chef de service l’avait à la bonne. A vrai dire, la quasi-totalité du personnel de l’hôpital l’adorait. Elle était douce, calme, tranquille, intelligente, empathique et surtout, elle avait cette lueur dans le regard et cette gentillesse dans la voix. Le physique importait peu mais Ava avait toujours un petit mot agréable pour tout le monde, de la femme de ménage au neurochirurgien qu’elle voyait traverser les couloirs en courant, la vie toute entière rythmée par le son de son bippeur. Soleil, véritable bouffée d’air frais dans un environnement qui était tout sauf reposant.


Les urgences ne désemplissaient pas. Réajustant sa blouse blanche et passant une main dans ses cheveux, elle tira le rideau d’un box et tomba sur une jeune femme qui devait avoir au moins 15ans de moins qu’elle, enceinte jusqu’au cou, les jambes écartées, le visage ruisselant de sueur. A côté, le père certainement, qui n’était pas moins jeune et qui paraissait encore plus paniqué qu’elle. Ava soupira lentement et s’arma de son plus beau sourire. Tant qu’elle ne connaissait pas le niveau d’urgence de la situation, inutile de les stresser encore plus. Alors elle tira un tabouret monté sur des roulettes jusqu’au lit et attrapa le dossier de la jeune femme qui contenait seulement les informations qu’elle avait donné au guichet lors de son arrivée


« Alors alors alors… Maria Ackermann, qu’est-ce qu’on a ici ? »


Ce fut le jeune homme qui répondit à sa place, bafouillant quelques phrases pour signifier que sa compagne était sur le point d’accoucher comme s’il venait tout d’un coup d’oublier comment parler. Ava fronça les sourcils et jeta de nouveau un coup d’œil au dossier


« Vous êtes un mois en avance, rien de grave. De combien sont espacées les contractions ? »


Cette fois-ci, ce fut la future maman qui lui répondit


« 12 minutes. »


Ava haussa les sourcils et secoua doucement la tête. C’était un cas qu’elle voyait trop souvent. De jeunes mamans, des femmes qui n’étaient absolument pas renseignées sur comment leur accouchement allait se passer, qui ne savaient pas interpréter les signaux de leur propre corps parce que personne n’avait daigné leur apprendre et qui se retrouvaient aux urgences au moindre coup de pied. Reposant le dossier sur la table de nuit juste à côté du lit, elle sourit de nouveau et se redressa



« Douze minutes, rien d’inquiétant, rentrez chez vous, prenez une douche mangez un bout et revenez quand les contractions sont espacées de 5 minutes sur 1h. Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer. »



Et on l’appela ailleurs, alors elle fut contrainte de laisser ce jeune couple seul pour aller s’occuper d’une jeune fille qui venait de se casser la cheville en essayant de passer par la fenêtre pour retrouver ses amies pendant la nuit. Et le moment où elle dû l’ausculter alors qu’elle se faisait incendier par ses parents n’étaient même pas le moment le plus gênant de son internat. Le vieil homme qui avait apparemment trouvé sa passion dans le fait de tenter de s’enfoncer des ampoules électriques dans des endroits non prévus à cet effet était sans doute vainqueur pour ce concours-là.


Bien heureusement, cet homme semblait avoir décidé de dormir tranquille pour cette nuit et lorsque la jeune fille fut renvoyée chez elle, plâtrée et sous antidouleurs, elle s’accorda une pause. Mais elle eut à peine le temps de chercher une pièce dans la poche de son jean pour aller se prendre un café à la machine qu’on l’appela. Un homme venait d’entrer aux urgences, surdose d’opioïdes. Elle en voyait des dizaines par semaine, des malheureux sous traitement qui ne respectaient pas leur dosage, des dépendants, des addicts, des innocents et des coupables. Mais ça ne faisait aucune différence pour elle. Elle soignait tout le monde. Mais l’heure de jouer à l’héroïne et de sauver la veuve et l’orphelin n’était pas venue. Elle avait totalement conscience de son statut. Elle n’était pas chirurgienne, et encore moins une super héroïne. Elle assistait les médecins, comme elle le pouvait, du mieux qu’elle le pouvait. Quand elle arriva devant le box protégé par un grand rideau opaque, comme si le tissu, aussi épais soit-il, arrivait à isoler de la cacophonie ambiante et de cette boucherie impressionnante qu’étaient les urgences à cette heure-là. Mais en attendant d’être transféré en chambre et pour permettre aux médecins de mieux valser d’un patient à un autre, il fallait s’adapter.

« Il s’appelle Hanz Bilsby. Il a quarante ans, c’est pas la première fois qu’on le voit… »

Le sourcil arqué, interrogative, elle ne perdit pas son air calme et légèrement curieux. Ce Hanz avait l’air d’être connu des médecins, et pourtant elle ne l’avait jamais vu. Elle savait bien qu’il existait sans doute des centaines de patients qu’elle n’avait jamais rencontré et ne rencontrerait jamais mais pour une fois qu’une occasion pareille se présentait elle n’allait pas se gêner pour saisir l’opportunité qui s’offrait à elle. Après tout, un patient restait un patient…


« Et cette fois-ci ? »


On lui tendit le dossier et le compte rendu du médecin : Surdosage d’opioïdes, 3,3g > 3g, 0,4ml de naloxone injectée par voie intramusculaire (cuisse gauche) à 2h24. A surveiller.
Changeant sa paire de gants, elle tira le rideau du box et stoppa presque instantanément devant le spectacle qui s’offrait à elle. Elle avait vu arriver aux urgences, des hommes et des femmes tordus dans des positions inhumaines, elle avait vu des pauvres gens tenant le membre arraché vers elle comme si elle allait miraculeusement pouvoir les soigner, elle avait vu un vieux sortir son propre œil d’un sac isotherme de la poche de sa veste, elle avait vu des gens hurler de douleur, de peur, perdre totalement contrôle d’eux même, envoyer valser tout un plateau d’instruments, s’en prendre violemment à des médecins ou même à elle mais rien n’était comparable à la scène qui se déroulait devant ses yeux. Le calme.

Le calme était effrayant. Le bruit des machines, des hurlements, des bips incessants des électroencéphalogrammes, des pas, des discutions, des blocs, des sirènes des ambulances, du grincement des portes avait résonné si fort à ses oreilles qu’elle en avait souvent eu la nausée, mais à ce moment précis, le bruit semblait loin. Très loin. Un simple bourdonnement lointain qu’elle ne parvenait même plus à décrire, comme si tous les sons s’étaient mélangés, avaient fusionné en s’évanouissant progressivement. Le calme était effrayant.

Elle avait été affectée à Hanz par le médecin qui craignait une réaction violente au réveil et qui préférait le faire superviser par une infirmière, « au cas où ». Alors, en bonne élève, elle prépara une dose de méthadone, un antalgique puissant utilisé depuis de nombreuses années comme substitut des opiacés et la posa sur le plateau métallique qui accueillit bientôt le dossier de l’homme qui allait sans doute se réveiller d’une minute à l’autre dès que la naloxone allait faire complètement effet. Alors elle en profita, de ce calme, de ce repos inespéré qu’il partageait sans le savoir avec elle. A son réveil, comme dans 90% des cas, il allait sans doute être déboussolé, déshydraté, nauséeux certainement, et puis il allait finir par partir, sans savoir qu’il avait partagé un bout de sa nuit avec elle…


“The muses are ghosts, and sometimes they come uninvited.” - Hanz 724760661  @Hanz Bilsby  “The muses are ghosts, and sometimes they come uninvited.” - Hanz 3359182223





 
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